Dans un arrêt rendu le 19 septembre 2024, la Cour de cassation a confirmé sa position sur la portabilité des garanties de prévoyance complémentaire en cas de liquidation judiciaire d'une entreprise. Cette décision, qui réaffirme une jurisprudence bien établie, met fin aux débats juridiques récurrents sur la question : la résiliation du contrat d'assurance collective signe-t-elle la fin des garanties pour les anciens salariés ?
Qu’est-ce que la portabilité des garanties de prévoyance ?
La portabilité des garanties permet aux salariés licenciés de conserver, sous certaines conditions, la couverture de prévoyance (incapacité, invalidité, décès) et de frais de santé dont ils bénéficiaient au sein de leur entreprise. Ce maintien est gratuit pendant une durée maximale de 12 mois, à condition que le salarié soit pris en charge par France Travail (anciennement Pôle emploi) et que son départ ne soit pas dû à une faute lourde.
Cette protection permet aux anciens salariés de continuer à bénéficier de garanties essentielles pour leur sécurité financière et pour couvrir leurs frais de soins, notamment en cas d’arrêt de travail ou de maladie grave. Cependant, cette continuité est soumise à une condition sine qua non : le contrat collectif souscrit par l’employeur doit toujours être en vigueur au moment du licenciement. En cas de résiliation de ce contrat, les garanties cessent immédiatement.
La question de la portabilité en cas de liquidation judiciaire
Le cas des entreprises en liquidation judiciaire avait longtemps fait l’objet de débats juridiques. En effet, lorsque l'entreprise cesse toute activité et que le contrat collectif d’assurance est résilié, qu’en est-il des droits des anciens salariés licenciés avant cette résiliation ? C’est sur ce point que les tribunaux ont longtemps divergé.
Dans un arrêt de 2020, la Cour de cassation avait jugé que la portabilité des garanties restait applicable si le contrat n’avait pas encore été résilié au moment de la liquidation. Cependant, certaines cours d’appel ont rendu des décisions contraires, estimant que les salariés licenciés devaient bénéficier de la portabilité même après la résiliation du contrat collectif. Ces divergences ont semé l’incertitude, notamment pour les entreprises en difficulté et leurs anciens employés.
L’arrêt du 19 septembre 2024 : Une clarification définitive
L’arrêt du 19 septembre 2024 met un terme à ces incertitudes. La Cour de cassation confirme que la résiliation du contrat d'assurance collectif, notamment en cas de liquidation judiciaire, met fin au maintien des garanties pour les anciens salariés. En d'autres termes, si le contrat collectif est résilié, les droits à la portabilité s’éteignent avec lui.
Cette décision a de lourdes conséquences pour les salariés licenciés dans le cadre d’une liquidation judiciaire. En effet, ces derniers ne pourront plus compter sur le maintien gratuit de leur couverture de prévoyance et de santé si leur employeur n’a plus de contrat d’assurance collectif actif. Cela souligne l'importance pour les entreprises d’informer clairement leurs salariés sur les impacts d’une liquidation sur leurs droits sociaux.
Un impact majeur pour les salariés et les employeurs
Cette jurisprudence conforte l’interprétation stricte de l’article L.911-8 du Code de la Sécurité sociale, qui régit la portabilité des garanties de prévoyance. Cet article prévoit que le maintien des garanties est conditionné à leur existence « en vigueur dans l’entreprise ». La Cour de cassation insiste ainsi sur le fait que, sans contrat collectif en cours, les anciens salariés ne peuvent plus bénéficier de la portabilité.
Pour les entreprises en difficulté, cette décision impose d'être particulièrement vigilantes dans leur communication avec leurs salariés sur leurs droits à la portabilité en cas de liquidation. Quant aux anciens salariés, cette clarification montre qu’ils devront envisager des solutions alternatives pour leur protection sociale dès lors que l’entreprise est liquidée et que le contrat collectif d’assurance est résilié.
Conclusion
L’arrêt de la Cour de cassation du 19 septembre 2024 marque une étape clé dans l’interprétation de la portabilité des garanties de prévoyance en cas de liquidation judiciaire. En réaffirmant que la résiliation du contrat collectif met fin aux garanties pour les anciens salariés, la Cour apporte une clarification nécessaire et met fin aux espoirs de maintenir une couverture après la liquidation de l’entreprise. Pour les salariés licenciés dans ce cadre, il devient crucial d’anticiper ces évolutions et de chercher des alternatives de couverture individuelle.