L’augmentation des arrêts maladie en France suscite de nombreuses interrogations. En 2023, les arrêts maladie représentaient 85% des arrêts de travail indemnisés et environ 60% des dépenses liées aux indemnités journalières. Avec des dépenses atteignant 10,2 milliards d’euros, contre 6 milliards en 2010, la question de leur gestion devient un enjeu économique et social majeur. Une étude récente de la DREES et de la CNAM apporte des éclairages sur ce phénomène.
Une croissance continue des arrêts maladie
Après un pic entre 2020 et 2022, principalement lié à la crise sanitaire, le nombre d’arrêts maladie a légèrement diminué en 2023. Cependant, il reste bien au-dessus des niveaux observés avant la pandémie, témoignant d’une évolution structurelle. Ce constat s’explique par plusieurs facteurs, qu’ils soient démographiques, économiques ou liés aux conditions de travail.
Facteurs démographiques : le vieillissement de la population active
Le vieillissement de la population active joue un rôle clé dans l’augmentation des arrêts maladie. Les salariés âgés de plus de 50 ans représentent 29% des arrêts, mais 42% des coûts. Cette catégorie est plus exposée aux pathologies chroniques et met davantage de temps à récupérer, augmentant ainsi la durée moyenne des arrêts.
Les réformes des retraites, repoussant l’âge légal de départ, obligent aussi les seniors à rester plus longtemps sur le marché du travail. Cette prolongation expose davantage cette tranche d’âge aux risques professionnels, accentuant les besoins d’arrêts pour des soins ou des périodes de repos.
Facteurs économiques et revalorisation des salaires
L’augmentation du Smic, mise en place pour compenser l’inflation, a également un impact direct sur le coût des arrêts maladie. Les indemnités journalières (IJ) sont calculées sur la base des salaires bruts. Ainsi, toute hausse des salaires entraîne mécaniquement une hausse des prestations versées.
Ce phénomène touche particulièrement les jeunes salariés, plus nombreux à être rémunérés au Smic. Ils bénéficient ainsi d’IJ plus élevées en cas d’arrêt, ce qui pèse sur les finances de l’Assurance Maladie.
L’impact des conditions de travail
Certains secteurs présentent des taux d’arrêts maladie plus élevés en raison de conditions de travail éprouvantes :
Ces secteurs, où les efforts physiques et le stress sont omniprésents, sont particulièrement concernés par les arrêts de longue durée.
Différences selon le sexe et la durée des arrêts
Les femmes connaissent une augmentation significative des arrêts maladie, même si leur taux d’emploi n’a pas progressé aussi rapidement. Plusieurs raisons expliquent cette situation :
En termes de durée :
Conséquences économiques pour l’Assurance Maladie
La forte hausse des arrêts maladie pèse sur les finances publiques. En 2023, les arrêts maladie ont coûté 10,2 milliards d’euros, un chiffre en augmentation continue depuis 2010. À cela s’ajoutent 4,1 milliards d’euros pour les accidents du travail et maladies professionnelles, ainsi que 2,7 milliards d’euros pour les congés liés à la parentalité.
Recommandations et pistes d’amélioration
L’étude met en avant plusieurs recommandations pour freiner la hausse des arrêts maladie et améliorer la prise en charge des salariés :
Conclusion
L’augmentation des arrêts maladie en France est un phénomène complexe, influencé par des facteurs démographiques, économiques et sociaux. Alors que les seniors restent plus longtemps en activité et que les conditions de travail demeurent difficiles dans certains secteurs, les arrêts maladie continuent d’augmenter, avec des coûts croissants pour l’Assurance Maladie.
Face à ces enjeux, la prévention, la simplification des démarches et une meilleure coordination entre les acteurs apparaissent comme des leviers essentiels pour inverser cette tendance. Les entreprises doivent s’impliquer davantage dans la préservation de la santé physique et mentale de leurs salariés, tout en adaptant leurs politiques RH pour répondre aux besoins spécifiques de chaque génération.